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Jeune mariée de 22 ans, folle amoureuse de mon mari tout neuf, je maudissais son métier qui périodiquement nous séparait ! Heureusement, ce soir là, mon bel époux devait revenir d’un déplacement lointain. Il était absent depuis 10 jours et je me languissais de lui.

La nuit était tombée sur la ville, il était 20 h et l’ombre d’un soir d’hiver planait dans notre nid d’amour. J’étais impatiente de revoir mon aimé, inquiète et frustrée ! Quand serons nous réunis ?

 

Je m’allongeais sur notre canapé de velours cramoisi et tentais de me détendre un moment. Choup le chat profita de l’aubaine et s’installa sur ma poitrine en piétinant allègrement Je ne trouvais pas l’apaisement que je cherchais bien au contraire !

 

Une sensation familière d’étouffement, d’enfermement, de solitude m’envahit aussitôt ! Je reconnus alors ces coussins cramoisis, je reconnus cette obscurité désespérante, ce silence oppressant, l’air qui se raréfiait, les effluves de fleurs mourantes.  Un somptueux bouquet de fleurs séchées reposait contre une amphore, la pièce était confortable, recouverte de coffres de cèdre, de coussins moelleux, des fleurs sèches jonchaient le sol de pierre. J’étais là, c’était moi il y a 3000 ans, j’attendais celui qui ne viendrait plus, j’attendais l’homme que j’aimais et qui reposait dans sa chambre mortuaire débordante de trésors. Il reposait caparaçonné d’or et de pierres précieuses, beau encore dans ses bandelettes, momifié et éternel. J’étais une pierre de sa pyramide, le grain de sable du désert, l’esclave favorite. Je n’étais rien !

 

Nous nous aimions. Moi de toute mon âme et de mon jeune corps, lui comme il pouvait, de toute sa puissance et sa cruauté de despote. J’attendais recluse, condamnée, au milieu des fleurs séchées, j’étais l’esclave aux fleurs, celle qui séchait et composait les bouquets du palais d’Ahmechéou, le plus grand pharaon que l’Egypte avait jamais connu !

 

J’attendais la mort puisque mon maître était mort, comme tous ses serviteurs, ses animaux familiers, comme tous ses trésors j’étais enfermé à jamais, condamnée à ne jamais revoir le jour, j’étais sa chose et une chose ne survivait pas au Dieu des Dieu. J’étais enfermée avec Bââ la chatte bleue qu’il adorait. Nous allions mourir, nous dessécher, nous désagréger comme ces milliers de fleurs qui tapissaient notre prison au milieu du désert Egyptien….

 

Dring dring dring ! Un doigt impatient maltraitait notre sonnette ! Choup le chat bondit vers la porte d’entrée et je le suivis en courant ! Là sur le seuil se tenait mon mari chéri, il portait une valise à la main gauche et à la droite, un superbe bouquet de fleurs séchées qu’il me tendit en me criant « Je t’aime » !         

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