P6 Marie Eve - Gribouillage

Je ne savais plus quoi faire. Mon esprit embrouillé m'empêchait de trouver une solution à ce problème. Cet esprit qui ne voulait pas me laisser en paix, qui avait bloqué cette porte que je voulais tant laisser ouverte. Il refermait à présent tous mes rêves d'enfance, toute ma joie de vivre pour n'en faire plus qu'un vulgaire souvenir.

Un souvenir à présent mis à l'imparfait qui provoquait en moi tout un blocage. Je ne pouvais pas imaginer qu'un jour cette partie qui était maintenant fermée et portant l'étiquette « enfance » serait belle et bien fermée. Q'un jour, le simple fait de devenir adolescente et même adulte bloquerait cette porte.

Ou bien est-ce autre chose ?

Pourquoi ne suis-je plus comme avant ?

Pourquoi n'ose-je plus rien faire ?

Est-ce que cette porte aurait-elle repris avec elle tout mon courage, toute ma force de caractère et toute mon insouciance ? Je ne sais plus, je ne comprends pas. Tout m'est impossible. Tout m'est inaccessible. Ça me rend folle. Je me sens étouffée, incapable, nulle.

Tout est à la portée des autres, tout m'est enlevé.

A cause de quoi ? Pourquoi ? Pourquoi leur porte à eux sont-elles restées ouvertes ?

Est-ce moi qui aurait refermé cette porte ? Comment dois-je faire si je n'ai pas la clé ?

Y a-t-il seulement un moyen pour l'ouvrir ?

Je voudrais donner un bon coup de pied et défoncer cette porte. Je voudrais mais comment faire si mon courage et ma force sont enfermés de l'autre côté ?

Comment ? Comment ? Tant de comment. Pourtant, un coin de moi-même me dit d'arrêter de penser. D'avancer, de foncer ! De fermer les yeux et d'avancer un pas après l'autre sans penser au chute probable.

Mais ce blocage. Arrêter, foncer, non ! Stop ! Je deviens folle. Je n'ai plus que mes faiblesses et mes défauts pour m'en sortir.

Alors je ferme les yeux.  Je retiens mes larmes. Elles ont trop coulées. Coulées le long de mes joues alors que j'aurais du être forte. Alors que j'aurais du montrer qui j'étais.

Ce dont j'étais capable. Me faisant passer pour faible.

Suis-je vraiment faible ? Ou bien est-ce que je choisi la facilité ?

Me dire faible pour ne pas avoir à faire d'effort ? Pour m'en faire une excuse dés que ça ne va pas ? Me dire qu'au fond, ce n'est pas ma faute ?

Au fond de moi, j'entends ce petit « tu te crées toi même des excuses. » résonner.

Et ça résonne de plus en plus fort.

Certaines paroles d'une chanson me viennent à l'esprit : « Je ne fermerai pas mes yeux pour cacher la vérité à l'intérieur. Tenir bon.

Je peux sentir qu'il est maintenant pour moi de lui faire face. »

(Won't close my eyes and hide the truth inside. Stand my ground. I can feel that it's time for me to face it)

J'ouvre mes yeux, me lève et me met face au miroir. Mon reflet me renvois l'image d'une jeune fille, au sourire camouflé derrière le doute et l'incertitude. La crainte et le manque de confiance. Je fixe mon visage et je vois une étrange lueur brillée dans le bleu de mes yeux.

Mais alors, sans comprendre comment, je me retrouve avec un sourire aux lèvres devenant de plus en plus grand alors que je revois des images de moi plus jeune défilées devant mes yeux comme si je regardais un film.

Cette fille, je la suis encore. Mes yeux sont toujours les même avec cette étoile qui me disait toujours que rien n'était impossible.

Maintenant que je réfléchis bien, cette voix je l'entends encore. Trop longtemps je me suis écoutée me plaindre, devenant sourde au véritable bonheur.

Trop longtemps. Il n'y a pas de retour en arrière. Je ne renoncerai pas...