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Je n'étais pas du genre à me bercer de certitudes sur les gens, mais là quand même, avec ce client ! Cette légèreté. Cette incohérence dans les propos, me laissait à penser que j'avais à faire, sans équivoque possible, à un maniaque du niveau.

J'avais probablement eu tord de construire cette maison fidèle, en tous points à ses prérogatives. Je les respectais à la lettre et il ne voulait pas qu'un architecte s'en mêla, il prétendait être tout à fait à même de tenir le rôle.

 

J'avais dû faire des tâches que j'estimais, pour mon métier de maçon, contre nature, si tant est que le terme soit approprié, mais il était persuadé savoir tout, mieux que tout le monde. Il voulait des choses complètement incongrues, comme par exemple que la porte d'entrée fasse deux mètres trente de hauteur alors que la normale est de deux mètres, et que lui ne mesurait qu’un mètre soixante et son épouse la même chose avec ses talons aiguilles. Résultat : impossible de trouver la marchandise en stock ! J'avais ainsi dû poser une porte normale, si bien qu'un écart de trente centimètres se trouvait sous la porte. Il n'avait par le fait plus besoin d'aménager une chatière, son chat pourrait sortir quand bon lui semblerait. Il corrigeait en mon absence le niveau et quand le lendemain j'arrivais sur le chantier, au premier coup d'œil je constatais qu'il était passé derrière moi. Les fenêtres dès qu'on essayait de les ouvrir, faute d'être à niveau, se refermaient aussitôt ou l'inverse, c'était devenu infernal. Il avait ainsi usé tous les corps de métier, du maçon, en passant par le plombier, l'électricien et jusqu'au couvreur qui sur son injonction avait dû incurver la pente de la gouttière, non pas sur un des côtés de la maison comme de coutume, mais au milieu de celle-ci, juste au dessus de la porte d'entrée, la gouttière ainsi, faisait pilier juste dans l'entrée, bloquant ainsi partiellement l'issue. On se demande même s'il pourra se regarder dans une glace, sans se dire, qu'outre la grande balafre  lui coupant le visage du creux de l'œil à l'oreille et qu'il connaît bien, il aura aussi la tronche en biais, tellement certains murs sont de guingois.

 

Maintenant, il s'apercevait avec désenchantement que sa maison ressemblait plus à une masure bancale qu'au logis qu'il eut souhaité voir ériger dans son carré de pelouse. La seule chose qui pourrait lui arriver de mieux, mais il lui faudrait un maximum de chance, qu'un tremblement de terre survienne inopinément et que par enchantement tout ce recale comme cela aurait dû être dès le départ s'il nous avait écouté. Si par chance cela devait arriver, seul dans l'histoire, le chat serait lésé, il n'aurait plus la possibilité de passer sous la porte pour vaquer à ses occupations.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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