Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le ciel s´assombrit, les gouttes d´eau commencent à devenir une menace réelle. Les gens s´agitent, regardent en l´air, puis fuient du regard ces cieux lourds.

En quelques secondes, l´assemblée se disperse et la place est quasiment vide.

Je me retrouve seule. Un peu désemparée.

Par où aller ? Je suis dans un endroit qui m´est totalement inconnu. Je crois même n´être jamais venue par ici auparavant.

Comment suis-je arrivée en ce lieu alors ?

Personne pour me répondre, personne pour me guider.

Je suis seule.

Je me mets à l´abri, parce que l´averse se fait de plus en plus forte. Je me demande même si ce n´est pas une tempête qui tenterait peu à peu de m´ensevelir, vivante, en un coup.

Happée par un démon de la nature, ce serait une fin plutôt enviable, je crois. Ou du moins, peu courante.

Mais comme on ne me connaît pas... Enfin, moi, je ne reconnais rien ni personne, ce qui ne signifie pas pour autant que personne ne me connaisse.

Je ne sais guère...

Je suis perdue. Alors je voudrais m´accrocher à quelqu´un, au hasard. M´agripper à la vie.

La pluie s´arrête. Je me dirige rapidement vers la place, afin d'y attendre que la manifestation reprenne son cours. Pas âme qui vive. Aurais-je rêvé ce rassemblement tout à l´heure ?

Quelques ondées ne peuvent tout de même pas effacer la vie humaine...A moins qu´elles ne soient acides, et donc potentiellement destructrices. Je suis cependant toujours là, et je suis aussi celle qui était restée le plus longtemps sous l´eau de pluie.

Les gens ne sont donc tout simplement que des fuyards.

Ils ont pris peur, lorsqu´ils ont vu s´amonceler les nuages prêts à déverser des torrents fougueux. S´ils avaient pris des parapluies, ces imbéciles !

Ils prennent peur trop souvent à mon goût. Je me retrouve ainsi souvent seule.

Je me suis aussi parfois demandé si je ne faisais pas fuir les gens.

Est-ce que je ne serais pas la cause de la peur et de la fuite, à la place d´un changement climatique soudain par exemple?

Je parle seule, je mange seule, je dors seule, je vis seule, ou plutôt, je survis seule.

Mon habitat est plus que précaire, car temporaire et menacé à chaque fois.

Je change de maison au gré de mes périples, de mes aventures. Ce que j'adore par-dessus tout, c'est être logée chez l'habitant.

De temps à autre, je me pose pendant plusieurs semaines en un seul et même lieu. Mais c´est relativement rare.

Je suis vite chassée.

Des chercheurs consacrent leurs vies à mon étude. Ils pensent sans doute que je leur en saurai gré... Que nenni ! ils cherchent à m´anéantir.

Je suis unique, et pourtant multiple. Je suis pauvre, cependant pleine de ressources.

Je m´acclimate assez vite, tout environnement devient mien.

Le seul problème est celui de ma délocalisation régulière. Je n´y trouve pas de remèdes.

Il est d´ailleurs fort drôle de penser à ce terme, remède, qui est tout mon contraire.

Je traîne derrière moi pas mal de quolibets et d´images noircies par les craintes populaires. Cela ne me dérange pas. Elles me font de la publicité, bien qu´on ne me reconnaisse pas à chaque fois.

Mais j´aperçois au loin quelques brebis égarées. Il me faut donc me hâter, aller à leur rencontre, reprendre des forces.

Leur fin est mon renouveau.

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :